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jeudi 26 février 2015

Batik Tulis

C'est le procédé le plus traditionnel, le plus long et le plus artistique de fabrication du batik indonésien.

 "Tulis" (prononcer comme "tout lisse") signifie "écrire", cela se réfère au mode d'application de la cire sur le batik, déposée trait par trait sur le tissu,  comme on tracerait des lignes avec un stylo sur du papier.

Pour filer la métaphore, on comparera la feuille blanche au tissu,  l'encre à la cire, et le stylo au canting.




Canting se prononce "tchanting", cet outil est constitué d'un manche de bois au bout duquel est fixé un réservoir de cuivre muni d'un petit tuyau d'où la cire chaude va sortir.

Le motif du batik peut être dessiné préalablement au crayon sur le tissu blanc, avant que les lignes soient recouvertes de cire. 




Ce travail qui demande autant de patience que de délicatesse est généralement réservé au femmes.


Elles s’assoient sur des tabourets très bas entre le tissu posé sur un présentoir et le récipient contenant la cire posé sur un réchaud où elles trempent régulièrement le "tchanting".



D'un côté il faut surveiller la cire pour qu'elle reste à la température qui assure la texture idéale, et de l'autre, maîtriser le flux de la cire sur sur le tissu, variant au fur et à mesure que la cire se refroidit, pour obtenir un trait régulier et précis. Ce savoir faire demande de l'expérience et une grande concentration, j'ai moi-même essayé et réussi à faire de grosses tâches et à me brûler les doigts avec la cire chaude.

La cire doit pénétrer suffisamment pour imprégner les fibres des deux cotés du tissu.

Dans les ateliers de batik, les femmes se regroupent autour du réchaud.

Une fois cette première couche de cire appliquée et séchée, le tissu est trempé dans un bain de teinture, puis mis à sécher.




Si le batik propose plus d'une couleur, ce procédé sera renouvelé autant de fois qu'il y a de couleurs.



Enfin, pour ôter toute la cire, le batik est plongé dans un bain d'eau chaude et mis à sécher.



Un batik tulis réalisé dans les règles de l'art doit présenter sur son endroit comme son envers un motif d'une netteté comparable.



Raden Ajeng Kartini, héroïne de la nation indonésienne, pratiquait l'art du batik (ci-dessous, à droite):



Comme les damoiselles de la noblesse autrefois en France filaient et brodaient, celles de la noblesse indonésienne créaient des batiks.

Aujourd'hui le procédé est le même, seuls les réchauds ne sont plus au charbon, et il faut, pour réaliser un batik tulis orné de motifs travaillés et de plusieurs couleurs, près d'un mois de travail.

Quelques batik tulis sont disponibles sur Toko Ada

mardi 17 février 2015

Batik Jawa

Le batik est un mode d'impression textile millénaire, partagé par plusieurs cultures à travers le monde, porté sur l'île de Java en Indonésie à un degré de raffinement achevé, où il est un élément culturel emblématique.

source:http://kumeokmemehdipacok.blogspot.fr/

Le mot "batik" vient du javanais "titik" qui signifie "faire des points" en référence au mode d'application traditionnelle de la cire, souvent déposée sur le tissu par gouttelettes qui forment des points.

Les motifs du batik javanais sont particuliers et porteurs de sens.


Il est difficile de dater précisément les débuts du batik à Java, mais on trouve déjà, par exemple, le motif "lereng" sur une statue de Shiva en or datant au IXème siècle, près de Wonosobo, à Java centre (voir ici), ou le motif "ceplok" sur le vêtement de Ganesh dans le temple de Banon près de Borobodur, datant de la même époque.

Le batik est intimement lié aux Palais et à l'histoire des sultans de Java. L'utilisation de vêtements de cérémonie en batik serait avérée au XVIIème siècle, sous le règne du sultan Agung , souverain du royaume de Mataram à Java. Jusqu'en 1930 le port du batik est réservé à l'aristocratie et à la cour. Certains motifs sont strictement attachés à la famille royale et jusqu'à aujourd'hui il est inconvennant de les porter en présence du Sultan.

- Poussez la porte des palais javanais: ici


La position de l'île de Java, au coeur de l'archipel indonésien, en fait  un lieu ouvert aux influences extérieures depuis les temps immémoriaux, portées par les navigateurs indiens, chinois, arabes ou européens, motivés par le désir d'exploration et d'expansion, attirés par les richesses naturelles de l'archipel. La culture indonésienne est faite de ces influences mêlées qui ont modelé les styles du batik indonésien au fil des siècles.

source:luk.staff.ugm.ac.id

S'il on trouve des batiks originaires de Lampung ou Jambi à Sumatra, de l'île de Madura ou du pays Sunda à Java Ouest, la production provient principalement de Java Centre. Chaque ville cultive son style, les villes royales de Solo (Surakarta) ou Yogyakarta produisent un batik classique dans les tons de terre, celui des villes du Pasisir, côte nord de Java, comme Cirebon, Pekalongan ou Lasem (Rembang) sont caractérisés par l'emploi de motifs particuliers et la prédilection pour certaines couleurs.


source:iwandahnial.files.wordpress.com

Il existe aujourd'hui plusieurs techniques de fabrication du batik:

Batik Tulis: la plus haute qualité de batik et le procédé le plus long, où la cire est appliqué à l'aide d'une sorte de stylo, le canting.

Batik Cap: où la cire est appliquée à l'aide de tampon de cuivre, le cap, en motif répétitifs; procédé manuel de production en série.

Batik Print: qui utilise la sérigraphie, manuelle ou mécanisée ou l'impression par imprimante rotative. Le terme batik ne s'applique plus dans ce cas que par extension, désignant les motifs inspirés du batik traditionnel.

Batik Kombinasi: combinant les procédés: par exemple, un batik sérigraphié peut être ensuite rehaussé par application de cire au canting.


Le batik javanais est enfin et surtout intimement lié à son territoire par les motifs qui s'inspirent généralement de la nature, réinterprétant à l'infini  le dessin des entrelacs végétaux ou des algues, les silhouettes oiseaux ou des animaux marins.