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mardi 21 avril 2015

Selamat Hari Kartini

Le 21 avril en Indonésie est le jour de Kartini.




Véritable héroïne nationale, Raden Ajeng Kartini est née un 21 avril 1879 à Majong dans le kabupaten (commune ou province) de Jepara, à Java Centre. Comme l'indiquent les deux titres qui précèdent son prénom, Kartini est d'ascendance noble, son père est alors le régent de Jepara. 

Le père de Kartini au centre et Kartini assise à droite. Tous portent un batik à petit motif Parang, réservé à la noblesse.

La société javanaise de l'époque cantonnait la femme à son rôle de mère et d'épouse mais Kartini eut le privilège de fréquenter l'école jusqu'à l'âge de 12 ans, une école hollandaise qui l'amena à maîtriser la langue du colonisateur. 
A l'adolescence, les jeunes filles de la noblesse devaient se retirer du monde, aussi vécut-elle au sein de la demeure familiale où elle apprit à broder, pratiqua l'art du batik et se nourrit de nombreuses lectures.


Kartini fut amenée à entretenir une correspondance avec Rosa Abendanon et d'autres amis hollandais; des lettres dans lesquelles elle reproche à la société hollandaise l'oppression du peuple javanais et exprime également son admiration pour les mouvements féministes hollandais. Elle porte également un regard critique sur la place de la femme dans la société traditionnelle javanaise, sur l'étiquette rigide de sa classe,  et dit son amour profond et ses espoirs pour son pays. 



Cora Vreedee De Stuers dans "Kartini, "petit cheval sauvage" devenu héroïne de l'indépendance indonésienne" souligne le fil conducteur de la pensée de Kartini, devenue emblématique de la conscience nationale indonésienne: 
"Mais cette jeune fille si bien "encagée" (dikurung) par les strictes convenances de son rang, a néanmoins été si constamment et douloureusement consciente - ses lettres en témoignent à plusieurs reprises - de l'état de dépendance coloniale absolue dans lequel vivait le peuple javanais, que dès le début elle situe l'émancipation de la femme dans la perspective de celle du peuple entier, par une lutte commune pour le droit élémentaire de pouvoir être soi-même".



Kartini du renoncer à la possibilité de poursuivre ses études en Hollande pour se marier avec le régent de Rembang, répondant aux obligations de son milieu, et projeta de créer une école pour filles.



Mais elle ne vit pas ce projet aboutir complètement puisqu'elle mourut à Rembang peu après avoir mis au monde son premier enfant, en 1904. 

https://www.facebook.com/qimojapara/timeline


En 1911 cette correspondance est publiée en hollandais dans un recueil intitulé "De l'obscurité vers la lumière" puis traduite en indonésien en 1922.  Les fonds recueillis grâce à cette publication aidèrent à créer des écoles pour filles.

Une sélection de ces lettres ont été traduites en français par Louis-Charles Damais et réunies en un recueil:



Chaque 21 avril est célébré dans tout le pays, et particulièrement à Jepara, berceau familial de Kartini, où cette journée prend des allures de Carnaval.

@Tracy Wright Webster

@Tracy Wright Webster

@Tracy Wright Webster

@Tracy Wright Webster
@Tracy Wright Webster

@Tracy Wright Webster
A Jepara comme ailleurs en Indonésie, les jeunes filles s'habillent ce jour là de façon traditionnelle en souvenir de Kartini.

@Widjaja Lely Mettawati
Autour de l'Alun Alun (grande place centrale) de Jepara, l'ancienne maison de Kartini est actuellement occupée par la mairie et le musée de Kartini propose des représentations variées de l'héroïne et de sa famille, des objets personnels et des objets culturels emblématiques de Jepara.


 Un peu plus loin dans le quartier de Pengkol, il existe un petit musée privé dédié à Kartini et à une production culturelle alternative, Rumah Kartini, animée par le collectif Qimo.



Si vous passez par Jepara, une visite chez Qimo s'impose, vous y trouverez aussi de beaux t-shirts, production locale et originale, pour arborer vous aussi sur le plastron le visage de l'héroïne de la nation.

mercredi 13 mars 2013

Les très beaux tissus de Troso

Jepara est connue pour l'artisanat du bois, je n'en ai pas encore parlé ici, mais ça ne saurait tarder, quand  j'aurai mieux fait connaissance avec tous les aspects de cette petite industrie qui s'étend partout et concerne tout le monde ici.




La fabrication de tissu, si elle est répandue dans toute l'Indonésie, est moins connue comme une spécialité de Jepara. Pourtant non loin du centre ville, dans la commune de Troso, plusieurs ateliers fabriquent à l'ancienne des tissus de grande qualité qui sont toujours l'objet d'un vif intérêt pour les indonésiens. 




Tandis qu'en France le textile en général et les vêtements en particulier sont le plus souvent des objets de consommation massive fabriqués en usine (indonésienne aussi souvent...), où la compétitivité du prix ou le prestige de la marque font loi, en Indonésie continue de se développer un artisanat qui reconnaît toute la valeur du travail fait main (dans le tissage comme dans l'impression des motifs), et beaucoup d'indonésiens, s'ils en ont les moyens, sont prêts à payer le prix fort pour accéder à l'incomparable qualité de ce type de tissu.
Les boutiques de couturiers sont nombreuses, elles reçoivent beaucoup de commandes de particuliers, et le magasin de tissus que nous avons visité était animé, bien que situé à l'écart du flux de circulation principal.

En face de cette boutique propre et bien rangée à l'atmosphère feutrée, l'atelier: un hangar immense cerné par une flottille de scooters entre lesquels on se faufile pour accéder à la ruche claquetante. Des dizaines de métiers à tisser en bois sont posés sur la terre battue entre les murs de briques poussiéreuses, sous une voûte de tôle ondulée où l'enchevêtrement des toiles d'araignées s'étale comme un hommage à l'inspiration du génial inventeur de la première trame qui servit à nous vêtir.






Devant chaque métier, un homme ou une femme répète des milliers de fois le même geste, les mains courant d'un levier à l'autre, il marque parfois une pause pour réajuster l’entrelacs des fils resserrés sous l'action conjuguée du mécanisme antique et des impulsions de son corps, insufflant un supplément d'âme à la confection de l'étoffe.



 Le rythme saccadé de chaque métier participe à la cacophonie ambiante, et contraste avec l'impassibilité des visages de ceux qui accomplissent patiemment cette tache. Ils seront payé au mètre et si mes rapides calculs sont justes, la main d'oeuvre constitue près de la moitié du prix du tissu.






Assises par terre des femmes préparent des bobines de fil, déroulées sur des roues de vélo, plus loin un homme pétrit de ses pieds une étoffe dans un bassin.
Constatant la difficulté de ce travail on conçoit facilement le progrès que la machine représente mais on se demande aussi ce que feraient d'autre tous ces ouvriers pour gagner leur pain. Dilemme récurent de la modernité...



C'est toute la patience et l'humilité de ces travailleurs, infiniment respectables, qui fait perdurer ce métier traditionnel, et ce sont aussi sans doute ces valeurs fondamentales que le peuple indonésien honore en accordant toujours autant de prix aux si beaux tissus de Troso.

vendredi 28 septembre 2012

Les lumières de l'alun-alun

L'alun-alun est une grande place qui propose au centre de chaque ville indonésienne un large espace ouvert souvent orné d'un banian immense, où l'on organise les parades officielles pour la fête nationale par exemple, et où, le soir venu, les citadins se rassemblent pour faire du sport et s'amuser.




L'attraction phare de l'alun alun a Jepara est une sorte de becak, ( "pousse-pousse" indonésien, ou vélo taxi) un pédalo à 3, 4, 5 ou 6 places si on s'y entasse bien, illuminé de guirlandes scintillantes.


A la tombée de la nuit, les petites carrioles brillant de mille feux s'alignent le long du haut trottoir et proposent 3 tours de la place pour 25 000 rupiah (environ 2 euros).


La première fois que j'ai vu ces engins déambuler doucement, j'ai bien ri: certains arborent même de petits rideaux de satin et diffusent dans les oreilles de ses passagers un dangdut (pop indonésienne) retentissant . Je me suis promis de ne jamais participer à ce rituel élevant le kitch au rang de véritable art de vivre.



Seulement voilà, quand vint l'anniversaire de notre fils, j'étais prête à réaliser tous ses souhaits, à faire de ce jour une fête aussi joyeuse que possible pour lui faire oublier un tenace mal du pays. Et parmi ces voeux figurait en première place celui de pédaler dans ces voiturettes...


Heureusement soutenue par Susi, son mari et ses deux petits garçons dans cette épreuve, bravant ma peur du ridicule je suis montée avec eux dans le véhicule étincelant. Nous étions 3 à pédaler, 7 passagers en tout. Pour rendre l'expérience plus folle, j'appuyais sur les pédales avec ardeur espérant vivre  les même sensations que dans le célèbre coucou-casse-cou, mais je ne réussis qu'à faire dérailler l'engin.



Les tours de "becak-haya" ( = becak+cahaya (lumière) néologisme fraîchement inventé) se font nonchalamment, à peine plus vite qu'à pied. Parfois les enfants qui ont loué des rollers s'accrochent en grappe à l'arrière.



Finalement on a bien rigolé dans ce carrosse de fortune, non pas que je ferai des tours tous les samedis soir, non, mais je me suis fait au charme décalé de cette attraction qui fait chatoyer l'alun alun de Jepara by night.


dimanche 19 août 2012

Lebaran

A mes yeux, parmi les nombreux attraits de la ville de Jepara, c'est sa large ouverture sur la mer côté ouest qui est la plus réjouissante. A l'heure où le soleil approche l'horizon, les contemplateurs rejoignent le rivage. La mélopée des récitations du Coran précédant l'éclatant appel à la prière quand le soleil laisse derrière lui reflets scintillants et nuées rosées, rend l'instant plus solennel.




La période de jeûne du mois de ramadan qui s'achève aujourd'hui fait de cette heure dorée  un moment plus intense encore, cristallisant l'attente des musulmans. Quand le disque flamboyant aura été avalé par les flots, ils pourront enfin desserrer leur contrainte, soulager la soif et la faim endurée toute la journée. La longue plainte d'une sirène vient même donner le signal emphatique de la rupture du jeûne.







Le dernier crépuscule du mois de ramadan 1433 a été salué par de truculentes louanges, les muezzins semblaient rivaliser de ferveur toute la nuit; une rumeur rythmée par les pétarades des feux d'artifice qui illuminèrent la première nuit du shawwal, et qui détonnent encore joyeusement ce soir.



Selamat idul fitri!