Le 21 avril en Indonésie est le jour de Kartini.
Véritable héroïne nationale, Raden Ajeng Kartini est née un 21 avril 1879 à Majong dans le kabupaten (commune ou province) de Jepara, à Java Centre. Comme l'indiquent les deux titres qui précèdent son prénom, Kartini est d'ascendance noble, son père est alors le régent de Jepara.
Le père de Kartini au centre et Kartini assise à droite. Tous portent un batik à petit motif Parang, réservé à la noblesse. |
La société javanaise de l'époque cantonnait la femme à son rôle de mère et d'épouse mais Kartini eut le privilège de fréquenter l'école jusqu'à l'âge de 12 ans, une école hollandaise qui l'amena à maîtriser la langue du colonisateur.
A l'adolescence, les jeunes filles de la noblesse devaient se retirer du monde, aussi vécut-elle au sein de la demeure familiale où elle apprit à broder, pratiqua l'art du batik et se nourrit de nombreuses lectures.
Kartini fut amenée à entretenir une correspondance avec Rosa Abendanon et d'autres amis hollandais; des lettres dans lesquelles elle reproche à la société hollandaise l'oppression du peuple javanais et exprime également son admiration pour les mouvements féministes hollandais. Elle porte également un regard critique sur la place de la femme dans la société traditionnelle javanaise, sur l'étiquette rigide de sa classe, et dit son amour profond et ses espoirs pour son pays.
Cora Vreedee De Stuers dans "Kartini, "petit cheval sauvage" devenu héroïne de l'indépendance indonésienne" souligne le fil conducteur de la pensée de Kartini, devenue emblématique de la conscience nationale indonésienne:
"Mais cette jeune fille si bien "encagée" (dikurung) par les strictes convenances de son rang, a néanmoins été si constamment et douloureusement consciente - ses lettres en témoignent à plusieurs reprises - de l'état de dépendance coloniale absolue dans lequel vivait le peuple javanais, que dès le début elle situe l'émancipation de la femme dans la perspective de celle du peuple entier, par une lutte commune pour le droit élémentaire de pouvoir être soi-même".
Kartini du renoncer à la possibilité de poursuivre ses études en Hollande pour se marier avec le régent de Rembang, répondant aux obligations de son milieu, et projeta de créer une école pour filles.
Mais elle ne vit pas ce projet aboutir complètement puisqu'elle mourut à Rembang peu après avoir mis au monde son premier enfant, en 1904.
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En 1911 cette correspondance est publiée en hollandais dans un recueil intitulé "De l'obscurité vers la lumière" puis traduite en indonésien en 1922. Les fonds recueillis grâce à cette publication aidèrent à créer des écoles pour filles.
Une sélection de ces lettres ont été traduites en français par Louis-Charles Damais et réunies en un recueil:
Chaque 21 avril est célébré dans tout le pays, et particulièrement à Jepara, berceau familial de Kartini, où cette journée prend des allures de Carnaval.
@Tracy Wright Webster |
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A Jepara comme ailleurs en Indonésie, les jeunes filles s'habillent ce jour là de façon traditionnelle en souvenir de Kartini.
@Widjaja Lely Mettawati |
Autour de l'Alun Alun (grande place centrale) de Jepara, l'ancienne maison de Kartini est actuellement occupée par la mairie et le musée de Kartini propose des représentations variées de l'héroïne et de sa famille, des objets personnels et des objets culturels emblématiques de Jepara.
Un peu plus loin dans le quartier de Pengkol, il existe un petit musée privé dédié à Kartini et à une production culturelle alternative, Rumah Kartini, animée par le collectif Qimo.
Si vous passez par Jepara, une visite chez Qimo s'impose, vous y trouverez aussi de beaux t-shirts, production locale et originale, pour arborer vous aussi sur le plastron le visage de l'héroïne de la nation.
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