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jeudi 14 novembre 2013

Brebes

Cette fois on était pourtant bien décidés à prendre le chemin le plus direct pour rentrer en longeant la côte nord de Java depuis Cirebon, jusqu'à Jepara.

 C'était sans compter sur un bouchon surprise à l'entrée de Brebes. Au bord de la route deux gars agitaient les bras indiquant à qui voudrait bien les regarder un itinéraire bis, contre un petit billet. Ok, on est clients, et contents d'avancer enfin cheveux aux vents sur une belle ligne bien droite au bitume tout frais, surplombant des champs d'échalotes qui sont d'après mon chauffeur de mari la spécialité de cette petite ville. 

Le long de cette grande avenue de campagne, à nouveau deux bonhommes agitent un drapeau pour nous inviter à tourner. Re-billet, mais cette fois l'affaire est moins bonne, nous voilà sur une route étroite et toute trouée qui s'enfonce dans les faubourgs de Brebes.
C'est là que nous décidons de faire une petite pause et j'en profite pour aller observer de plus près la spécialité du coin. Des milliers de petits paquets d’échalotes sèchent le long de la route jusqu'à un hangar devant lequel trois femmes s'affairent à les rassembler. 




Elles sont surprises que je veuille les prendre en photo, elles me disent qu'elles sont bien laides tandis que je trouve le tableau plutôt joli, surtout que l'une d'elle a parfaitement assorti sa tunique au boulot.




En face, trois hommes "attablés" au "café" du coin s'amusent de me voir prendre la scène en photo et demandent aussi à faire partie du reportage, les voilà, donc.



Le petitou avec les cuillères a bien failli partir se cacher, effrayé par cette "boulé" (blanchette) avec son gros œil en bandoulière.

Et plus loin, encore, des champs d'échalotes.



Là bas à droite dans le coin sombre, on ne distingue pas à ce format mais il y avait tout un groupe de gens regardant tous dans ma direction et se demandant aussi sans doute pourquoi cette blanchette là prenait leur pauvre quotidien en photo comme si c'était un beau coucher de soleil, en quoi cet alignement d'échalote  méritait-il un cliché? Eh bien moi je trouve ça beau comme une bonne page de Jean Giono.

Ensuite, notre itinéraire s'est perdu dans les ruelles tarabiscotées de Brebes, le GPS lui même était paumé, après un pont cassé s'affaissant dans un ruisseau asséché (et hop un petit billet pour les 8 bras s'agitant dans la poussière au bout desquels 4 bouches récitaient peut être même des "bismillah" en guise de mantra pour nous aider à passer ce cap difficile), après un demi tour en fond d'impasse, on a enfin rejoint le bouchon du centre ville...

Le mot "brebes", en javanais désigne un petit ruissellement d'eau, ce terme peut s'appliquer aux larmes ruisselant sur le visage, et mon poète de mari trouve que pour une ville qui produit des échalotes, Brebes est bien nommée (les cuisinières comprendront).


Et un dessin pour ceux qui ne cuisinent jamais.






vendredi 11 octobre 2013

Itinéraire bis

Ces temps-ci nous avons exploré les chemins de traverse, un peu par goût de l'aventure, parfois pour éviter les embouteillages, plus souvent pour observer des paysages dissimulés au regard des grands axes, et cela au dépend de tout esprit de performance, puisque nous targuons d'un Toulon-Toulouse (4h 30 par l'autoroute) d'une durée de 12h (en plein mois d’août certes, avec visite de musée et passage par des gorges profondes aussi, mais cela fit ricaner dans les chaumières tout de même).

En Indonésie la notion de temps étant bien différente, nous nous sommes lancés sans complexe dès que nous avons eu une voiture, sur les petites routes cahoteuses de Java, pleines de trous et de bosses, parfois même sans goudrons, traversant de superbes paysages en tremblant un peu pour les suspensions de notre vénérable tacot.



Après ça, tout récemment, je me réjouissais à Sumatra de la belle qualité de l'asphalte qui déroulait son long ruban presque sans accroc parmi les rizières, en sillonnant de paisibles campagnes dans une voiture de location. 


Une maison traditionnelle Minang, typique de Sumatra ouest.
Le chauffeur levait un premier sourcil inquiet sur cet itinéraire inconnu dicté par un GPS via mobile, et leva le deuxième de dépit quand finalement les lacets étroits ne furent plus recouverts que de rares plaques de bitumes éparses entre les pierres et les ornières où sa voiture cahotait en grinçant. A l'arrière, subjuguée par les harmonies de vert coordonnées par les paysans affairés dans les champs, je réprimais mes pulsions photographiques, ou je tentais de les assouvir par la fenêtre sans compliquer encore notre progression déjà sérieusement ralentie.







Elle allait même être stoppée car en haut d'un petit cirque un camion était arrêté, et depuis une bonne heure déjà:  des cantonniers étaient à l'oeuvre, damant doucement une épaisse couche noire et nauséabonde. 




En attendant, le chauffeur (en rouge) les conducteurs du camion et ma douce moitié (moustachue) papotent.

Pendant les allers et venues des engins, j'ai pu m'abandonner à l'observation de ce paysage enfin immobile.
Le buffle, animal emblématique de la culture Minang.


Abri improvisé pour les récoltes.



Public du balletcantonnier: les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, à l'ancienne...
Après avoir enchaîné plusieurs vols et quelques trajets par la route depuis la France, posée devant ce tableau idéal de l'Indonésie champêtre, j'eus l'impression d'être arrivée, enfin.



Et, cerise sur le gâteau, juste avant de remonter en voiture, une des spectatrices de la valse lente des dameuses m'attrape par la manche et me présente sa petite fille qui enchaîne trois poses inattendues:


HOP!

ET HOP!


ET RE-HOP!

Manquaient plus que le collier de fleur et le yukulélé!
Selamat datang/ bienvenus!